Maux par mots – Marie-Sophie Peytou
L'humeur du temps

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mercredi 22 mai 2013 Vie de couple
Pas la peine d'être poli quand on s'aime...

Une cliente me disait un jour : « Ce qu’il y a de bien dans la vie de couple, c’est qu’on peut être soi-même; quand on vit ensemble depuis longtemps, on n’est plus obligé de faire attention à tout, la politesse, les conventions...On peut se lâcher quoi ! »

Cette déclaration un peu brute mérite qu’on s’y attarde, car elle contient une part de vérité mais aussi quelques pièges à éviter.

Certes, quand on vit à deux depuis un certain temps, il est juste de relâcher la tension des premiers mois, où on veut tellement séduire l’autre, se montrer sous son meilleur jour qu’on en vient à ne pas être naturel, à se contraindre...pour tenter de correspondre au rêve de l’autre, à ses attentes.
Certes, il est juste d’accepter que l’autre vous voie tel que vous êtes, avec vos qualités…et vos défauts, de même que nous devrons nous aussi renoncer au conjoint parfait.

Cela veut-il dire qu’il faut renoncer à tout effort, à la politesse la plus élémentaire, aux règles de savoir vivre les plus basiques ? Je ne le crois pas ; j’entends parfois certain(e)s me dire : « Il (ou elle) me parle comme il (elle) ne parlerait même pas à son chien. Je suis sûr(e) qu’il (elle) est plus humain avec sa secrétaire ! »
La politesse, qui semble à la fois désuète et artificielle, est pourtant la première étape de la reconnaissance de l’autre. Le plus grand danger qui guette un couple dans la durée, c’est de croire que notre conjoint, c’est nous ; c’est d’oublier cette règle essentielle de toute relation humaine : l’autre n’est pas moi. En établissant une certaine distance entre deux êtres, la politesse nous rappelle que la relation n’est pas la fusion, que l’autre est différent de moi, que je dois toujours tenir compte de cette altérité lorsque je m’adresse à lui.

En d’autres termes, même si cela semble difficile (car cela demande un effort) il vaut toujours mieux dire à l’autre « S’il te plait, est-ce que tu pourrais conduire la voiture chez le garagiste, cela me rendrait vraiment service » plutôt que de lancer à la cantonade « Il faut conduire la voiture chez le garagiste, j’espère que tu y penseras cette fois ! ».
Ce sera une façon toute simple de montrer à l’autre qu’on prend en compte son existence propre, qu’on ne le considère pas comme un objet, dont on peut faire ce que l’on veut. C’est faire exister l’autre en tant qu’autre, et non comme un prolongement de moi-même.
 
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