Maux par mots – Marie-Sophie Peytou
L'humeur du temps

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lundi 29 septembre 2014 Vie de famille
le bonheur est dans le porte-monnaie

L’autre jour, à la radio, un économiste parlait d’une entreprise en pleine expansion ; son succès tenait, disait-il, à une chose essentielle : elle savait « transformer le désir en acte d’achat ».

Attardons nous quelques instants sur cette merveilleuse formule…

Dans quel monde vivons-nous, si le désir (confondu avec l’envie) se transforme en acte d’achat, au lieu d’être patiemment rêvé mûri, élaboré ? Ne nous étonnons pas que nos contemporains soient si souvent malheureux. Comme les produits ne tiennent jamais leurs promesses, le désir ne cesse d’être frustré et insatisfait. Comme ce serait simple si un achat permettait de donner corps à nos désirs, en une signature au bas d’un chèque, en un clic avec notre carte bancaire !

Et dans les relations humaines, cela est peut-être plus vrai encore !
Je rencontre bien souvent des couples désireux d’avancer ensemble et d’améliorer leur relation, mais ils ne parviennent pas à poursuivre leurs efforts dans la durée. Comment se fait-il, me disent-ils, que notre couple n’aille pas mieux après deux séances ? Pourquoi faut-il tant d’efforts pour construire une relation ? Pourquoi l’autre me résiste-t-il, au lieu d’être malléable comme un objet conçu pour me satisfaire ?
Tout simplement parce que notre désir, légitime, d’aimer mieux demande un travail personnel, qui nous engage, qui nous coûte peut-être un peu et cela, aucun acte d’achat ne peut le remplacer…

Cela est tout aussi vrai lorsque nous mettons des enfants au monde : aucun gadget dernier cri, ni le biberon à désinfection automatique, ni la poussette avec freinage ABS, rien ne pourra remplacer le temps passé, la relation tissée jour après jour, dans la joie mais aussi la déception, l’énervement, la frustration… Aussi, avant de dire à nos enfants : « Tu as tout ce que tu désires, qu’est ce qu’il y a encore ? Arrête de râler ! », demandons nous s’il ne leur manque pas l’essentiel, de cet essentiel qui ne s’achète pas. Les objets standardisés ne peuvent satisfaire un être humain unique et irremplaçable.

Ah…si nos désirs nous donnaient des ailes pour aller vers l’autre, au lieu de nous emmener derrière un caddie lourdement chargé !
 
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