Maux par mots – Marie-Sophie Peytou
L'humeur du temps

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dimanche 26 mars 2017 Vie de couple
Des racines et des ailes...

Vous le savez peut-être, le thème de l’estime de soi me tient à cœur et je suis souvent invitée à en parler, soit aux parents et aux éducateurs, soit à des adolescents, dans le cadre d’ateliers.
Un auditeur m’a un jour demandé pourquoi cette thématique me passionnait et quel était le rapport avec le conseil conjugal…Bonne question, excellente même, à laquelle je vais essayer de répondre dans cette chronique.

Tentons d’abord une définition de l’estime de soi, un concept un peu galvaudé aujourd’hui mais ô combien pertinent. On pourrait la définir selon deux axes : l’amour de soi et la confiance en soi.
L'amour de soi, qui concerne l'être, s'appuie sur la connaissance de soi. Cela entraine trois conséquences :
1 Le respect de soi, le sens de sa dignité et de sa valeur personnelle.
2 La capacité à dire non, malgré la pression extérieure.
3 La capacité à accepter les remarques négatives sans se sentir complètement déstabilisé.
La confiance en soi concerne l'action, c'est le fait de se sentir capable de faire des choses, de les réussir ou de savoir rebondir quand elles échouent. Cela conduit à :
1 Avoir la volonté d’apprendre et de développer des compétences nouvelles.
2 Nouer des relations avec les autres au lieu de se renfermer et d’avoir peur de la nouveauté.

Parmi les multiples raisons qui conduisent les couples dans mon cabinet, il y a, très souvent, chez l’un ou l’autre (ou les deux !) une insatisfaction latente et le sentiment de n’être ni aimé ni reconnu par son conjoint. Les attentes des hommes et des femmes d’aujourd’hui face à la vie de couple sont immenses, démesurées pourrait-on parfois dire ! Et c’est là qu’intervient l’estime de soi : moins une personne croit en ses capacités, en ses talents, en ses qualités, plus elle attend de l’autre qu’il vienne combler ses failles et réparer ses blessures. Une sorte de dépendance s'installe, un peu comme si on ne pouvait se sentir pleinement exister sans le regard positif de l’autre sur soi.
Bien sûr, l’amour est un « plus », il donne de l’élan, il donne confiance en soi, il donne le sentiment d’être unique et irremplaçable. Mais quand une personne est incapable de vivre sans ce regard, quand la moindre maladresse, le moindre mot de travers la fait vaciller et l’interroge sur sa propre valeur, la situation devient très difficile. Cette personne en vient alors à douter d’elle-même, à ne pas se croire digne d‘amour. Cela peut aussi la conduire à être jalouse. Quand on ne se croit pas aimable, on soupçonne son compagnon ou sa compagne de s’intéresser à d’autres : on se dévalorise au point de ne pas se croire digne d'intérêt. Du coup, le partenaire se voit sans cesse remis en cause et se sent impuissant à répondre aux attentes immenses de son conjoint.

C'est pourquoi l’estime de soi est le préalable, le socle, qui permet de construire une bonne relation avec les autres. Elle passe par une bonne connaissance de soi, de ses talents et de ses limites. Il s'agit aussi de renoncer à se croire parfait, tout autant qu'à se croire nul.
Au fond, lorsque je dis que j'aime quelqu'un, cela veut dire que j'éprouve deux sentiments complémentaires: le désir de lui apporter mes propres richesses et de les partager avec lui, et l’humilité de reconnaître mes faiblesses, qui me conduisent à avoir besoin de lui .

Pour revenir à la question de départ, j'ai bien envie de parodier la célèbre émission de Patrice de Carolis: l'estime de soi donne à la fois des racines, c'est à une certaine stabilité et des ailes, c'est à dire de l'élan pour affronter la vie et le monde.


 
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