Maux par mots – Marie-Sophie Peytou
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mardi 13 octobre 2015 Livres
La condition pavillonnaire
Sophie Divry
J'ai lu

Voici un roman trouvé par hasard chez mon libraire ; c’est la quatrième de couverture qui a attiré mon regard :


« La Condition pavillonnaire nous plonge dans la vie parfaite de M.-A., avec son mari et ses enfants, sa petite maison. Tout va bien et, cependant, il lui manque quelque chose. L’insatisfaction la ronge, la pousse à multiplier les exutoires : l’adultère, l’humanitaire, le yoga, ou quelques autres loisirs proposés par notre société, tous vite abandonnés. Le temps passe, rien ne change dans le ciel bleu du confort. L’héroïne est une velléitaire, une inassouvie, une Bovary… Mais pouvons-nous trouver jamais ce qui nous comble ? »

Autant vous prévenir tout de suite, ce n’est pas un roman à lire par une journée brumeuse d’automne, surtout si l’on a une petite tendance à la déprime au moment de la rentrée !!!
Si je vous en parle, c’est que j’y ai pioché quelques idées sur la vie de couple et que je les ai trouvées pertinentes ; pour le reste, si vous ne vous souhaitez pas vous plonger dans un roman déprimant et que vous préférez les lectures qui procurent de l’évasion, il vaut mieux faire un autre choix.

Lors de sa vie sans gros nuages, notre héroïne (que l’auteur tutoie tout au long du roman) est tentée par une liaison, ce qui lui permet de pimenter sa vie morne et banale.
C’est un moment du roman extrêmement bien vu, qui décrit tous les mensonges que l’on se fait à soi-même pour succomber à la tentation sans trop de remords.
Ainsi, lors de la première relation avec son amant, elle rentre chez elle un peu honteuse, décidée à ne pas continuer : « Tu pénètres dans ta maison pleine de résolutions vertueuses. Et voilà qu’en trois phrases ton mari t’agace, les enfants braillent, le repas n’est pas prêt. Hébétée, tu poses quatre assiettes sur la table. On croit rêver une telle banalité : n’étais-tu pas devenue une femme différente ? » (p175)
Petit à petit, la jeune femme se prend au jeu, jusqu’à avouer à son amant qu’elle l’aime et veut faire sa vie avec lui…ce qui l’embarrasse un peu (et même beaucoup !) car il n’a pas du tout le même projet.
A travers cette aventure banale et un peu pitoyable (les rencontres des amants ont lieu dans un hôtel Formule 1), notre héroïne a enfin l’impression de vivre : « C’est cela vivre plus fort, comme dans les films » (p 179) jusqu’à ce que la triste réalité la rattrape : son amant est muté à Paris, il ne divorcera pas et elle restera dans sa minable banlieue, avec son terne mari et ses enfants.

Ne plus supporter le vide de son existence, vouloir lui donner du sens et du goût, ce n’est pas un mal en soi, c’est même plutôt quelque chose d’éminemment positif ; tout le problème vient du moyen que l’on choisit …et notre héroïne a choisi celui qui pouvait le moins combler sa soif.
« Les adultères naissent de la volonté d’un des membres du couple d’être encore heureux ; mais tout seul » (p177)

Lorsque certains couples viennent me voir pour évoquer l’adultère de l’un ou l’autre, je m’efforce toujours de rechercher ce qui était attendu de cette aventure : de la tendresse quand le conjoint est obnubilé par son travail ? De la passion quand la vie vous ennuie ? De la reconnaissance quand on se sent vieillir ? Un projet quand la vie semble déjà toute tracée ?
C’est tout cela à la fois, et bien souvent, l’amant ou la maitresse ne sont pas aimés pour ce qu’ils sont mais pour le vide qu’ils comblent…et au bout de l’aventure, la désillusion est au rendez-vous.
En quelque sorte, une mauvaise réponse à une vraie question !

Alors, au lieu de se lancer à corps perdu dans une expérience au goût souvent amer, pourquoi ne pas essayer de parler avec son conjoint du malaise que l’on ressent et de son désir de prendre un nouveau départ ?
S’il ne vous écoute pas, ce peut être l’occasion de lui proposer un entretien de Conseil conjugal, pour réapprendre à parler, à partager ses rêves et à faire de nouveaux projets, pour chercher ensemble un chemin de vie.

Comme j’aime à le répéter souvent : « Ne changez pas de conjoint, changez de relation ! »


 
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