Maux par mots – Marie-Sophie Peytou
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jeudi 24 novembre 2011 Films
une séparation
Asghar Farhadi

Ce film a connu un joli succès lorsqu’il est sorti en salle au printemps, et si vous n’avez pas pu le voir, le voilà qui sort en DVD.

Comme l’indique son titre, il raconte une séparation et ses conséquences sur les membres d’une famille et l’entourage, proche ou lointain. A cette première histoire se mêle une sorte d’enquête policière, avec un scénario qui ménage pas mal de surprises.
Peut-être certains d’entre vous redoutent un film intello, qui décrit un univers culturel trop différent du nôtre; il n’en est rien ! Bien sûr, la société iranienne est bien différente de la nôtre et pourtant, dès les premières images, nous sommes touchés par les personnages : ils sont nos frères et sœurs en humanité avant d’être iraniens. Ce drame aborde des problématiques et des valeurs universelles.
Je ne ferai pas ici une critique de cinéma, car ce n’est pas ma spécialité, mais j’évoquerai deux ou trois idées intéressantes développées dans ce film qui peuvent alimenter la réflexion sur le couple et ses difficultés.

La souffrance engendrée par la séparation est ici abordée de façon sobre mais très juste, avec en particulier l’incompréhension de la fille unique du couple, qui ne parvient pas à accepter le divorce de ses parents et rêve de les réconcilier, par tous les moyens. Il lui est demandé de choisir entre les deux et elle n’y parvient pas.

On rencontre aussi le thème du mensonge, qui est traité en profondeur : tous les protagonistes de l’affaire mentent à un moment ou à un autre. Le mensonge est souvent le fruit de la peur, un moyen de se défendre quand tout semble perdu; en même temps, le cinéaste montre bien à quel point c’est un engrenage qui fausse les relations et dont il est difficile de se défaire une fois que le processus est enclenché. La fille, qui a pourtant un désir très fort de vérité et d’honnêteté, se laisse ainsi prendre au jeu et son regard en dit long quand elle découvre où l’a entrainée un petit mensonge en apparence anodin.

Enfin, et c’est à mon avis l’aspect le plus original de ce film, l’auteur s’est efforcé de nous montrer chaque personnage avec le plus d’objectivité possible : il parvient à nous éviter de prendre parti pour l’un ou pour l’autre ; au contraire, chaque fois que nous sommes tentés de donner notre soutien à un personnage, un élément va nous faire changer de point de vue. Ce mouvement auquel nous sommes invités est extrêmement intéressant car il nous permet de voir à quel point nous n’avons souvent qu’une vision partielle de la réalité ; au lieu de vouloir immédiatement trouver un coupable ou une victime, il est intéressant de savoir écouter l’un ou l’autre pour démêler le difficile écheveau d’une relation humaine. Il ne s’agit pas ici de relativisme (tout le monde a raison…ou tort, selon comme on se place). Il s’agit simplement de sortir de la spirale de l’accusation et de rendre à chacun la responsabilité de ses actes ; c’est la seule démarche qui permette de débloquer une situation et d’engager un processus de dialogue.
C’est une attitude qui pourrait nous aider lorsque nous sommes confrontés à la séparation de personnes qui nous sont proches et où, parfois, nous sommes sommés de prendre parti !
 
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